Une matinée difficile que tu expérimentes de nouveau. Des douleurs qui sont toujours présentes au cœur de ton estomac présentant les vestiges de cet enfant que tu portais autrefois. La fausse couche était un soulagement mais également un déchirement. Une vie que tu ne voulais pas voir naître mais que tu ne voulais pas voir périr non plus. Un secret bien gardé. Un entourage qui ne sait rien, une façade que tu t'es crée, tu caches cette douleur même si au fond, tu veux juste avancer. Toi, tu veux accepter cet événement et avancer d'un pas joyeux, montrer que tu peux surmonter un dur événement et que t'es une femme forte. T'es là dans cette chambre à t'emmerder. Tu sais pas quoi faire, tu sais pas où aller ni qui appeler. Ton frère jumeau n'est pas disponible, après tout, il a une vie lui aussi. Tes amis, tu sais pas si tu veux vraiment les voir. T'es d'humeur étrange mais ça se comprends. Parfois t'as des moments comme ça, où tu sais pas quoi faire. Alors tu décides de te lever, t'as pas envie d'rester là, abattue comme ça. Tu te relèves. Tu sors de ton lit, tu dois le faire. Tu sais pas trop à qui demander mais si t'es bien sûre d'une chose c'est que tu veux une bière. Un coup de fil que tu passes rapidement à cet homme que t'essaies de sortir de sa dépendance. Juan; un ami que t'essaie de sauver des flammes du feu qu'il s'est crée lui même. Cette prison dans laquelle il s'est lui même construit une demeure.

Mais tu peux pas juger, pas toi Maela, t'es sous l'emprise de la cigarette, incapable de jeter cette chose qui est tout autant destructrice mais t'essaie de l'en sortir, lui. Un coup de fil auquel il répond, une invitation qu'il accepte. Qui refuserait de boire une bière après tout? Tu te pars de chez toi, en direction de ce bar. Tu arrives en avance comme toujours. T'es cette gamine qui déteste être en retard alors forcement, t'arrives toujours en avance. Puis être en avance, ça t'permets de fumer une clope, et tu vas pas t'en cacher, en ce moment t'en a bien besoin. T'es soulagé par ça, tu sais qu'en réalité ça t'aide pas, mais toi, t'as l'impression que si. Une meuf prisonnière de son addiction, voilà ce que t'es. C'est triste à dire mais bon.
Tu l'vois arriver au loin, Juan. Tu lui fais signe, tu lui souris et quand il est près de toi, tu lui fais une accolade, c'est ta façon de dire bonjour, les accolades. "tu vas bien?" tu le fixes, le regardant de haut en bas comme si tu le scannais. Comme si t'essayais de savoir s'il avait consommer mais c'est une question conne, tu connais la réponse, elle restera toujours la même, bien sûr que oui."t'en veux une?" que tu demandes en tendant ton paquet. Griller une clope avant d'aller boire cette bière ça fera de mal à personne, même si il s'agira déjà de ta deuxième cigarette devant ce bar.  

Pas de cours. Pas de boulot. Une journée qui risque d’être longue et ennuyante, jusqu’à ce qu’un SMS te sorte de ton lit. Un lit où t’étais au chaud, bien emmitouflé. Un lit dans lequel tu aurais sûrement passé la journée, en compagnie de Netflix, bien entendu. L’un ne va pas sans l’autre. Maela t’attend. Elle t’a donné rendez-vous dans un bar. Tu sais que si elle te demande de venir la voir au dernier moment, c’est que quelque chose ne va pas. Tu commences à trop bien la connaître. Mais tu sais également, que tu n’arriveras pas à lui faire dire les choses, si elle ne veut pas en parler. C’est comme ça, Maela, c’est une porte de prison, un cœur de pierre, enfin, seulement en apparence, tu le sais. Dans le fond, c’est un petit ange, toujours prête à aider ses amis. C’est sans doute pour ça que vous êtes aussi proche elle et toi, parce qu’elle s’est donné comme mission de te sortir de ta dépendance à la drogue, comme si c’était aussi simple. Comme si en un coup de baguette magique, tu pouvais faire comprendre à ton corps, que tu n’en voulais plus. Ton cerveau n’en veut plus, mais ton corps lui, il a appris à vivre avec cette dépendance, du moins, il l’a toujours connu. Merci maman. T’arrives alors devant ce bar, tu aperçois au loin Maela, devant le bar à se faire griller une clope. Tu arrives à son niveau. Une petite accolade en signe de bonjour, la question banale de savoir comment quelqu’un va, alors que la plupart des personnes qui posent cette question s’en fiche royalement. « Je vais plutôt bien et toi ? » Elle te propose alors une clope. Tu fais un pas en arrière. « Non, merci, j’ai commencé une thérapie, du coup, je dois éviter au maximum tout ce qui se met dans une clope. » Tu lui fais un grand sourire, plutôt fier de toi. Tu es capable de refuser une clope, c’est un très bon début pour ta thérapie.