have it all petite ula. doux bébé. petit brin d'être humain qui a vu le jour dans un monde qui n'était pas fait pour toi. pour personne d'ailleurs. au milieu des favelas. tu n'as jamais été choyée, protégée ni même aimée. pas comme une enfant est aimée de ses parents en tout cas. monde chaotique qui t'entoure. violence qui t'entoure de ses bras. tu ne sais pas trop ce que tu as fait. mais ta relation avec ta famille a toujours été chaotique. comme le monde t'entourant. qui s'est déployé et t'a recouvert de ses ailes de brutalité dès ta tendre enfance. drogue, deal, violence, coup de feu. tu te rappelles encore aujourd'hui de ces nuits sous la couette, à flipper en serrant contre toi ce doudou que tu n'as jamais quitté. encore aujourd'hui, il t'arrive de t'endormir en le tenant contre ta poitrine. coming atcha like a dark horse tes parents n'ont jamais réellement été blindés de thunes. faibles moyens. boulots prenants, usants, fatigants. parents sur les rotules qui ne s'occupent pas de toi et ne souhaitent que s'écrouler sur le canapé rapiécé ou sur le matelas conjugal disposé à même le sol. on t'a jamais trop prêté attention. très tôt. trop tôt d'ailleurs. t'as dû apprendre à t'occuper de toi-même. à cuisiner. à t'habiller. à laver tes vêtements. t'as dû te prendre par la main. comme une grande fille, petite gamine effrayée. et t'as découvert un nouvel univers par le plus grand des hasards. en te trompant de chemin alors que tu revenais de l'école. t'es tombée sur un pré. il serait passé totalement inaperçu à tes yeux si tu n'y avais pas remarqué la plus magnifique des créatures. une crinière magnifique. le poil scintillant. quatre pattes majestueuses. un équidé. t'en avais dessiné pour l'école mais tu n'en avais jamais vu en vrai. d'aussi près. t'es tombée sous le charme comme on tombe et on s'écorche le genou. rapidement. furtivement. en un claquement de doigts. et t'étais en selle. we are the champion traîner sur le terrain aurait pu être considéré comme un crime, une violation de propriété. une parmi tant d'autres, gamine perdue. mais le propriétaire de cet animal à quatre pattes a vu les choses différemment. les a considéré d'une autre façon. alors il t'a pris sous son aile. t'as appris à monter, à découvrir le cheval, à voltiger, sauter, trotter, courir, affronter les obstacles. petite gamine a trouvé un sens à sa vie. t'as vu comme une lumière au bout du tunnel, une échappatoire. dès l'âge de 7 ans, tu participais à tes premiers concours hippiques au mexique. t'étais prometteuse, gamine, comme ton avenir. raflant les trophées, les places sur le podium, les sourires de ton entraîneur. ula, t'avais trouvé un monde fait pour toi. un monde de poussière, de sueur, de labeur et de cuir. mais un monde qui te convenait. until you hit the ground gamine, t'as été brisée bien des fois. t'es tombée. tu t'es relevée. t'es retombée. mais tu t'es toujours remis en selle. tu ignores d'où tu tiens ce côté de ta personnalité. ta volonté d'acier et ta détermination à toute épreuve. mais quoiqu'il se passe, tu retombes toujours sur tes jambes. mais t'en as quand même connu des accidents. en-dehors des éventuelles pannes d'ascenseurs dans lesquels tu t'es retrouvée coincée à de très. trop. nombreuses reprises. il y a également eu les chutes de cheval. et là, c'était plus violent. côtés cassées, poignets démolis, coude démis, rotule déplacée, tu ne comptes plus tes séjours à l'hôpital qui n'ont fait qu'attiser l'absence d'amour que te portent tes parents ni même les cicatrices qui retrouvent ce corps qui est le tien d'ailleurs. tu t'es d'ailleurs donnée pour mission de recouvrir les plus grosses à l'aide de tatouages pour te sentir plus à l'aise. party in the usa en-dehors de l'équitation, ta vie au mexique a été plus que banale. jeunesse passée dans les favelas. adolescence écoulée à laisser ton imagination courir le monde pendant que les garçons te couraient après. t'as toujours eu cette attitude désinvolte et je m'en foutiste de garçon manqué. et tu les attirais comme des mouches. tu te voyais passer ta vie ainsi, siffler, traiter de tous les noms quand tu ne répondais pas, priant pour une vie meilleure, un salaire et un logement décent, une famille heureuse. t'avais enchaîné les boulots également. tour à tour serveuse, barmaid, danseuse, guide touristique, voleuse, plumeuse de touristes. tu n'as pour autant jamais laissé tomber ton amour des équidés. incapable de les laisser malgré tes faibles revenus. et puis un beau jour, le monde adulte a frappé sans crier gare. l'inconnu. le monde des grands. fait de lois et de règles. et tu t'es retrouvée dans une sacrée merde. factures, loyers. des mots qui te laissaient indifférentes plus jeune mais cela a bien changé. t'as compris que la vie ne te laisserait aucun répit. que tes parents ne changeraient pas. qu'il n'y avait que toi. rien que toi. alors tu t'en renseignée, t'as contacté des gens, du monde. pas du beau monde. juste du monde. et t'as fait une bien belle connerie. t'es partie aux états-unis avec un visa tourisme. ton séjour devait être temporaire selon les textes mais ce fut loin d'être le cas. parce que cinq ans après avoir mis tes pieds sur le sol américain, tu y es toujours et n'as pas bougé d'un pouce. cause i'm a bad guy pour entrer aux états-unis, de mauvaises connaissances ont fait joué leurs relations. une jolie fille comme toi risquait de partir à prix d'or. sans trop savoir comment ni pourquoi, tu t'es retrouvée mêler à un monde encore plus chaotique que celui que tu avais quitté. jonché de désastres qui n'allaient pas simplifier ta route. t'as atterri dans une agence de mariages. en apparences, cela pourrait sembler chouette pour tous les partis. les futurs mariés qui sont bien entourés, les belles épouses qui se sentent comblées et l'agence qui a ses sous. mais non. c'est loin d'être le cas. c'est d'abord sur la côte ouest que t'atteris avant de partir plus vers le nord, enchaînant les petits boulots merdiques et les motels miteux dans l'espoir d'une merveille vie. mais t'enchaînes pas que ça, t'enchaînes aussi les fiancés, les déconvenues. les bagues, tu pourrais presque les collectionner. tu les plumes pour le patron, perds ta fierté, ton honneur. et voilà qu'y a un an et demi de ça, l'agence te dit de jouer un jeu plus dangereux. marry you. marry me ton visa révoqué, ils font ce qu'ils veulent de toi et te proposent un compromis. un gros poisson. tu n'as qu'une chose à faire. débarquer à meadow oaks, petite et charmante bourgade américaine, au bras d'un riche fiancé. il est prêt à débourser une coquette somme pour qu'une jolie jeune femme l'attende à son retour du taff et lui concocte de bons petits plats. et tu es la candidate idéale. parfaite petite ménagère. princesse de maison idéale. celui-là aussi, tu dois le plumer. ce n'est qu'un homme de plus à ton plus ou moins charmant palmarès. level up alors y'a un de ça, t'as débarqué avec tes valises, dans cette joyeuse ville. mariage blanc prévu, repoussé, les autorités qui s'interrogent. tu débarques in da city, joues le jeu de la belle fiancée éprise, tu la lui mets par derrière, baragouines dans un anglais américain du mieux que tu peux veux, caches ton jeu et attends l'inévitable. parce que tu sais comment ça se passe dans ces villes. chacun se connaît. les voisins gardent toujours leur porte ouverte. tu peux demander du sucre, tranquillement au-dessus de la clôture. et t'as surtout toujours la petite bande de commères, ne manquant aucun petit potin depuis leurs perrons. et t'as peur que ton monde s'écroule. qu'on te retire ta chance d'avoir une meilleure vie. tu veux pas retrouver ton monde cauchemardesque. you don't have to say nothing ton fiancé t'a trouvé un job. il a bien vu que tu déprimais en passant toutes tes journées à ne rien faire. t'as besoin de bouger, hyperactive comme t'es. alors tu te retrouves à jouer les professeurs d'équitation. chouette activité pour la cavalière que tu es. as été. t'apprécies ce monde retrouvé. cette complicité avec les équidés qui t'a manqué ces dernières années. mais enseigner te conduit à un jeu dangereux avec l'un de tes élèves. si ton fiancé ignore qu'il t'arrive de voir ailleurs, il ignore que ton boulot te fait rentrer dans un jeu ... dénué de toute innocence. stanley. nom que tu as sur les lèvres plusieurs fois par semaines. bouffée d'air frais, te tirant de tes soucis, te changeant les idées. t'aurais jamais cru ça possible. t'aurais jamais pensé te laisser aller comme ça. mais voilà que tu laisses vos reins se déhancher ensemble, vos vêtements joncher le sol et son nom se glisser hors de tes lèvres. il a longtemps joué à te torturer et faible que tu es, tu as succombé à son charme. à ce jeu. à cette liberté. cette sensation de plaire. d'être aimée. de ne pas valoir qu'un beau petit paquet. de ne pas être qu'un lot. mais c'est un jeu dangereux où vous risquez tous les deux de vous brûler les ailes. faut dire que vous êtes incapables de vous dire les choses en face. relation sensuelle non définie. peu claire pour aucun d'entre vous. vous ne savez pas où cela vous conduira. vous ne savez même pas si tu seras encore là demain ou si tu auras été emmenée par l'immigration. pourtant, après avoir longtemps refroidi les ardeurs de stanley, tu as succombé. consumée de désir. de jalousie. mais tu ne peux pas jouer les possessives. n'en as pas le droit d'ailleurs dans votre situation. gamine déchue. princesse éprise. peut-être pas du bon prince. sweet creature tu n'as jamais été bien féminine, gamine. ces courbes qui sont apparus un beau jour pour former ton corps t'ont déboussolé. les gouttes de sang qui ont jailli de ton organisme t'ont fait tellement flipper que t'as cru que tu faisais une hémorragie. tu préparais déjà tes parents à l'inévitable. t'as jamais compris ce qu'était être femme. à part que c'était du taff et que ça voulait dire avoir une sacrée maîtrise de soi. et pourtant, ici, à meadow oaks, tu as l'impression d'être une autre ula. une ula qui pose parfois pour des cours d'arts en petite tenue ou totalement nue. tu commences à être à l'aise avec ce corps que tu possèdes. il faut dire que c'est ton outil de travail. mais ula, tu te voiles la face. joues à cache-cache avec toi-même. mais tu n'es peut-être pas si forte que ça. t'es peut-être juste une sacrée actrice, une excellente menteuse ... 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