@katherine keene

C’est lundi, le jour le plus horrible de la semaine. Le week-end est dédié aux cuites, mais surtout à une affluence de la clientèle. Sur les rotules, je me suis péniblement levée aux aurores pour aller donner un coup de main aux collègues. J’veux pas être la boss inatteignable, qui reste chez elle, à surveiller ses employés et leur taper sur les doigts. Je veux qu’on forme une équipe et pour cela, je dois forcément participer aux tâches quotidiennes. Bien entendu, je peux compter sur ma soeur fraîchement revenue au bercail et Wes, mais je me sens dotée de responsabilités. C’est impossible de rester au lit jusqu’aux douze coups de midi en sachant que d’autres sont dans la boue. Ainsi, après une longue journée de dur labeur, je suis rentrée à la baraque de mes parents, les muscles qui tirent, le dos en bouillie. Une longue douche chaude a réussi à dénouer l’essentiel, me donnant assez de courage pour une virée en ville. Hier, tu étais si indisponible au ranch, même si nous avons tout de même pu boire toutes les deux pour oublier un peu de nos peines respectives. Aujourd’hui, c’est à moi de venir te divertir. Une pointe de maquillage sur ma face et je me faufile derrière le volant de mon pick-up. Un peu de rodéo sur le chemin me ramenant à une route goudronnée et c’est parti pour plusieurs minutes de pilotage. Je me rapproche, mètre après mètre. Cigarette au bout des doigts, le bras qui se glace à l’extérieur du véhicule, je me ressasse notre passé, ce baiser échangé dans ma chambre, alors que mes géniteurs se trouvaient sous nos pieds, au rez-de-chaussée. On en a vécu des choses toutes les deux. Rien ne nous a séparé et j’espère que rien ne nous séparera jamais. La civilisation regagnée, je me gare sur le parking, mégot éteint dans le cendrier de la bagnole. Mon jean taille haute ceinturé d’une boucle très ‘country’, j’entre dans le bar où la moyenne d’âge ne doit pas dépasser mes propres années de vie. Il n’y a pas foule. La soirée ne fait que commencer. Et puis tu déboules dans la salle, plats chauds sur les paumes, avec une élégance naturelle. Le sourire s’affiche automatiquement. J’arrive. Dans ton dos. Collision. Mes fesses cognent ton bassin. « Mademoiselle Keene, quelle maladresse ! » Surprise Kat.

@Beth-Ann Hale

lundi, le jour de la reprise c'est vraiment difficile même si le week-end je ne me repose pas plus que ça étant donner que je bosse dans un ranch. je me réveille avec un peu de mal, la tête encore dans le pâté mais je sors très vite faire un petit footing près de chez moi je suis de service pour l'après-midi et la soirée je ne veux pas avoir de grosses cernes sous les yeux je veux être en forme surtout pour une maladroite comme moi. une fois le footing fait je rentre chez moi prendre une bonne douche et préparer mon sac pour le boulot, je mets ma tenue de serveuse dedans et je me fais réchauffer un truc vite fait au micro-ondes. je m'affale devant netflix assise sur mon canapé en train de manger et je regarde l'horloge je dois vraiment me dépêcher pour ne pas être en retard au boulot je ne voudrais pas me faire virer ou engueuler. je prends mon sac à main et mon sac avec mon uniforme puis je monte dans ma voiture en essayant de ne pas brûler quelques stops. une fois arrivée sur le parking je gare ma voiture et je sors en vitesse. je fonce dans les vestiaires où j'attache mes cheveux en une jolie queue de cheval et je mets mon uniforme pour aller prendre mon service et dire bonjour aux collègues. l'après-midi passe assez rapidement, la soirée arrive et un peu plus de clients pointent leur bout du nez mais ce n'est pas non plus salle comble. au moment où j'ai deux assiettes dans les mains prête à aller donner les plats aux personnes qui m'attendent tranquillement à leur table tu point toi aussi le bout de ton nez et tu me bouscule les fesses contre mon bassin et je manque de faire tomber les plats. « oh bonjour Beth-Ann, rien de cassé heureusement. » je lâche un petit rire et en voyant le regard noir des clients je m'empresse de leur déposer les assiettes en leur souhaitant un bon appétit. je reviens ensuite vers toi, on se connais depuis un sacré moment maintenant toutes les deux, depuis le collège exactement et même s'il y a eu ce baiser entre nous dans ta chambre on en a jamais vraiment reparler je pense que c'était un délire, une petite expérience. « tu vas bien? » je me permets de te faire la bise le sourire sur les lèvres.

@katherine keene

Coup de rein vers la droite. Ton bassin est dévié de sa trajectoire, mais l’équilibre est maintenu. T’aurais pu être funambule. T’aurais pu tout devenir en fait. C’est tragique que tu en sois arrivée là, dans ce trou presque paumé. Ta place est sûrement ailleurs, dans une grande ville, à briller. Ici, tu prends simplement la poussière autour de nous. T’es une oeuvre d’art. Bon sang Kat, le meilleur pour toi, ce serait de te barrer et de voler de tes propres ailes. Mais on se ressemble, on tient à nos parents. C’est pour cela que je respecte ta décision et ton sacrifice. J’aurais fait pareil et quelque part, je l’ai fait en restant dans l’coin pendant que mes soeurs s’éloignaient du cocon. On se sent redevable, on a beaucoup de compassion, d’empathie. On est sensible, plus que ce qu’on laisse transparaître. Tes clients servis sans maladresse, je m’éloigne un peu pour me rapprocher du bar quasiment désert. Là-bas, tu m’y retrouves et colles à peine tes lèvres sur mes joues. « Ouais, ça va. Je passais te tenir compagnie entre deux steak-frites. Mais si je te perturbe, je me casse illico » C’est cool, on se connaît depuis plus de dix ans, tu sais que je parle cash avec toi et qu’il n’y a rien de sérieux. Tu le sais quand je suis vraiment en colère et ce soir, c’est pas le cas. J’avais juste envie de passer un peu de temps avec toi, même si ce n’est que cinq minutes à tout casser. Me savoir dans le même lieu que toi, ça me .. rassure. Je me sens bien quand tu tournes autour, mon petit oiseau. « Je ne veux pas te causer du souci, je suis aussi ici pour décompresser, fais pas gaffe à moi et si ton boss se la ramène, je .. je l’écrase sous un tracteur » Franchement, j’ai jamais aperçu mes limites, mais si on te touchait un de tes cheveux, je pense que je sombrerais dans un carnage inimaginable. « Un Whisky-cocaaaa ! » J’en commanderais bien un autre pour toi, mais je vais pas chercher la merde non plus. J’empiète déjà assez sur ton lieu de travail. C’est tellement dur de rester loin de toi aussi. « T’es pas jalouse que je boive sans toi hein ? »