naissance : Il est venu au monde un soir de fin d’hiver, il y a trente-cinq ans, en février 1985, dans la chambre de sa matriarche, au dernier étage de la grande bâtisse familiale à Meadow Oaks. Il était écarlate et protestait déjà contre la vie à tue-tête.
origines, nationalité : Les deux parents Rozier sont américains comme tout. La famille est originaire de France, qu’ils ont fui au moment des guerres de religion, comme bien d’autres huguenots. Ils ont longtemps eu mauvaise réputation, les Rozier. On disait les fils alchimistes et les filles sorcières. Comment expliquer, sinon, d’où ils tiraient leur fortune ? Il n’en reste plus grand-chose de cette fortune mal acquise. Une bicoque mal entretenue dans le Wyoming, des vieilleries qui s’entassent dans les placards et prennent la poussière sur les meubles. Des trésors pour Orville, en somme.
statut civil, orientation : Qui voudrait de lui ? De son mauvais caractère, sale comme les genoux d’un gamin qui traine trop par terre ? De son passé lourd un tas de gros cailloux ? Même lui, s’il le pouvait, il finirait par rompre avec lui-même. Difficile quand on ne s’aime pas soi-même, de donner aux autres des raisons de le faire. Ce n’est pas faute d’avoir essayé – les fiançailles plus ou moins arrangées par ses parents avec des jeunes filles du coin, les rencontres arrangées par les amis, rien n’a fonctionné. Ça s’est arrêté après l’aveu de sa sexualité. Puisqu’il aime les hommes, qu’il vit au mauvais endroit pour ça, qu’ici, il n’y a pas de gay pride ou de Castro, il s’est fait à l’idée de finir sa vie seul.
occupation : $$$$. Professeur d’histoire au lycée de la ville, il se contente de cette occupation sans enjeu – lui pourtant promis à un si brillant avenir après ses études à Providence. On promettait sa thèse à un brillant avenir, on lui assurait qu’il aurait les meilleures places offertes sur un plateau d’argent. Il aurait dû être archéologue, professeur émérite, écrivain, tout mais pas professeur dans un lycée public. Ca avait valu le coup d’abandonner ses études ne serait-ce que pour la déception visible que cela avait provoqué chez ses parents.
situation familiale : Ils ont beau tous vivre sous le même toit par habitude, les Rozier n’ont en commun que leur adresse et leur patronyme. Ils ne s’aiment pas, ne se parlent que par nécessité, oublient que le reste existe dès que possible. Ce n’est plus une famille, ce sont des colocataires. Pour les parents Rozier, Orville est la déception originelle, ses deux frères ont poursuivi la tradition, et leur sœur, c’est une fille donc ça ne compte pas.
à meadow oaks depuis : Il y est né, il y mourra vraisemblablement. Il ne connait rien d’autre, à part un passage à Providence, quelques vacances en Europe et une virée endiablée au Mexique.
trois choses favorites : Les bibelots et livres anciens, la natation, dîner dehors.
groupe : ours.

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