« Mac ! Mac viens ici !! » La grecque s'égosillait tout ce qu'elle pouvait, ordonna à son foufou de chien de revenir expressément vers elle. L'animal s'en fichait pas mal, courant après les oiseaux qui s'envolaient à son approche. Il avait fini dans l'eau plus d'une fois et Paris savait qu'elle avait complètement oublié les serviettes pour sécher son chien, évitant ainsi qu'il dégueulasse l'intérieur de son vieux tacot. La jeune femme agitait les bras, affolée à l'idée qu'il puisse attraper un oiseau et en faire son quatre heure. Son amour pour les animaux rendrait son chien vegan si elle le pouvait. Mais même elle devait avouer qu'elle aimait trop la viande pour s'en passer. Et puis de toute manière, personne ne la jugerait de se faire un steak de temps en temps. Tant qu'elle ne voyait pas les animaux mourir, tout allait bien dans le meilleur des mondes. La demoiselle soupira doucement et finit par s'asseoir pour bouder son chien qui ne l'écoutait pas.

L'animal courait partout, dans tous les sens. Il avait un grand besoin de se dépenser et Paris le savait. Son autorité en prenait un coup quand c'était comme ça. C'était dans sa nature de vouloir attraper les autres animaux, ça l'excitait. Paris avait décidé que son jour de repos serait consacré à son chien. Du moins la matinée. Parfois, les garçons venaient le promener, la soulageant d'un grand poids. Elle aimerait tellement pouvoir l'emmener à son travail, le garder près d'elle tout le temps, toute la journée. C'était son gros pépère et elle adorait pouvoir lui faire des câlins. Elle avait du économiser pendant deux longues années avant de réussir à s'offrir ce chien de race. Son petit Mac'n'cheese. Il était sa bouffée d'air frais, celui qui la forçait à se lever tôt le matin pour aller dehors et qui la forçait à aller se promener durant des heures, peu importait le temps. La jeune femme grelottait, les fesses posées dans l'herbe. Mais ce n'était pas important quand elle voyait son chien plein de vitalité se défouler comme un fou.

Alors qu'elle était tranquillement en train de jouer sur son téléphone, elle fut à moitié percutée par la bombe qu'était son chien, tombant à moitié dans l'herbe. « MAC !!! Ça va pas ?! » Elle leva les yeux vers la direction qu'avait pris son chien et remarqua qu'il courait vers quelqu'un. « Mac stop !! » Elle se releva d'un bond. « Ce chien... » Alors que son animal fonçait vers la personne.

ft. @Paris Delenikas

Il se racle la gorge, son souffle s'envole et virevolte dans le froid mordant du matin. D'une main assurée, il relève le col de sa veste, empêchant ainsi le vent de s'infiltrer contre sa peau. Il fait de grands pas. Devant lui, Chayton s'ébat dans les hautes herbes, son pelage de jais ne disparaissant jamais bien loin, ou en tout cas jamais bien longtemps. Depuis trois ans, cette boule de poil n'était jamais bien loin, toujours flanquée dans les bottes de son maître, ce qui avait bien failli lui coûter de nombreuses chutes maladroites. C'est que la bête avait une sacrée force, en témoignait la taille de son corps et la puissance de sa mâchoire. Le chien était apparu, dans sa vie, comme ça, un peu par magie. Un matin, il était devant sa porte, sur le porche de sa maison. Il n'avait pas bronché lorsque Wes s'était approché pour flatter son garrot. Quelque chose, immédiatement, cliqua entre eux. Ils s'étaient reconnus comme deux entités d'une même meute. Le vétérinaire lui avait affirmé qu'il s'agissait d'un wolfdog américain et, le cowboy n'y connaissant rien en chien — son domaine, c'étaient plutôt les chevaux et le bétail — l'avait cru sur parole. Il s'était alors rapidement pris d'affection pour le caractère facile mais têtu de la bête et, après avoir placardé des affiches dans toute la ville à la recherche du propriétaire, s'était résolu à l'accepter à la maison. Dès lors, ils étaient devenus de vieux compagnons. Partout où Wes apparaît, le long pelage ébène le suit, et inversement.

Les longues balades sont d'ailleurs devenues un rituel pour le bien-être de l'animal. Tantôt à pieds, tantôt sur la selle, le contremaître en profitait pour s'éveiller. Yeux plissés à la recherche de la silhouette à quatre pattes, il s'étire et lâche un bâillement sonore. Petite nuit. C'est que l'état du ranch Hale l'inquiète. Depuis les funérailles de Marcus, il a cette impression, ce trou béant dans la poitrine. Le manque. Ann-Beth est bien capable de prendre les rênes en main, il le sait (lui-même est là pour elle, promesse faite à son père), et la cadette revenue, les sœurs étaient au complet et prêtes à prendre le taureau par les cornes. Cependant, se refaire prendrait du temps. Marcus avait laissé un vide, dans les cœurs comme dans le quotidien au ranch.

Soudain, il est tiré de ses préoccupations par un aboiement sonore mais qu'il ne reconnaît pas. Il lève les yeux, ceux-ci rencontrent un autre chien qui lui fonce littéralement dessus. Il s'accroupit, le salue d'une caresse souple, comme celui-ci repart déjà dans la direction opposée. Alors, une silhouette se redresse dans l'herbe et un ordre claque dans l'air mais, déjà, l'animal revient d'un bon pas, bientôt rejoint par Chayton et son glapissement rauque. En quelques pas, maladroits vu l'état d'excitation des clébards qui lui barrent les jambes, il est près de la jeune femme.

"J'savais pas que le territoire était déjà clamé par une autre meute," fait-il avec un signe de la tête en direction du chien aux yeux vairons. Puis, il se retourne vers la jeune femme. "Je suis Wes," Il effleure son stetson du bout de la main en signe de salutations. "Ça, c'est Chayton." Il est de ceux qui parlent à leur chien, qui les présentent comme s'ils étaient un être humain. Il faut croire que la bête l'a drôlement attendri avec le temps.

Mac était un chien complètement fou qui avait toujours besoin de courir et d'aboyer après les gens. Parfois, Paris faisait comme si elle ne le connaissait pas, comme si ce chien ne lui appartenait pas. La jeune femme avait vraiment honte de son comportement et pourtant, en bonne maîtresse, elle devait vraiment continuer d'avoir une éducation ferme avec lui. Ce chien était encore jeune et fougueux, elle savait parfaitement qu'il se calmerait plus tard. Mais là, elle vivait l'instant présent et Mac venait de lui faire manger l'herbe sans une once de regret. Il avait couru vers un type qui avait un chien aussi. Heureusement, il n'était pas territorial ni bagarreur. L'homme manqua de s'étaler à son tour plus d'une fois, les chiens à moitié courant dans ses jambes. Ouais, voilà la vie de tout propriétaire d'animal. Qu'il soit seul ou plusieurs.

Paris grimaça légèrement, un peu gênée. « Désolée. » Elle attrapa son chien par son collier et l'attacha rapidement avant qu'il ne rameute d'autres gens. Pas que ça la dérangeait mais les gens pouvaient bien râler après elle après ça. « Il est un peu trop fougueux par moment. » Paris lui adressa un sourire manquant d'être très étonnée que l'homme se présente aussi rapidement. Elle n'était pas habituée à côtoyer des gens en vérité en dehors de l'épicerie où elle travaillait. La jeune femme se contentait de bonjour, au-revoir. Par moment, elle discutait du temps qu'il faisait avec les personnes âgées mais jamais personne ne prenait le temps de discuter avec la petite grecque qui tenait la caisse. De son pays natale, Paris n'a rien perdu, pas même ce léger accent qui barre ses mots qui s'écoulent de ses lèvres. Elle l'aime son accent et elle ne cherche pas à le corriger. Elle aime les insultes en grec, elle aime parler avec sa famille, elle aime donner un côté méditerranéen aux gens qui l'entourent. Elle adressa un léger sourire au jeune homme qui se trouvait en face d'elle, amusée. « Woah, les cowboys savent se présenter ! » Lança la jeune femme en riant doucement. Elle imita son geste avec son stetson bien qu'elle n'en porte pas. « Moi je m'appelle Paris ! Et lui, c'est Mac. » Et là, elle n'avoua pas le vrai prénom de son chien, sentant qu'il allait se moquer d'elle.

La demoiselle finit par glisser ses mains dans ses poches, détaillant le cowboy plus amplement maintenant qu'il lui faisait face et qu'il s'était présenté. Elle fit une moue songeuse. « Vous travaillez dans un des ranchs de la ville ? » Quoi qu'elle ne savait même pas s'il y en avait plusieurs. Elle se mordit la lèvre et haussa les épaules. « Je ne sais pas monter à cheval. Vous avez garé votre monture loin d'ici ? » Un peu amusée, un peu moqueuse mais pas méchante pour un sou. « Je plaisante ! Ça vous va bien ! »