1 Antonia ne parle jamais de sa famille parce qu’elle a décidé de l’oublier, poussée par la honte et les souvenirs douloureux. Impossible de l’en blâmer lorsque l’on sait qu’elle a grandi sans connaître l’identité de son père, élevée par une mère droguée et un beau-père dealer, violent et insensible à sa présence. Sans personne vers qui se tourner, la jeune femme s’est contenté d’encaisser, aussi bien physiquement que mentalement avant d’être en âge et en capacité de fuir ce foyer malsain. 2 Gamine sauvage et peu bavarde, elle a passé le plus grand de sa jeunesse à traîner dans les rues du centre-ville où elle observait les gens, leur attitude, les affrontements. Son expérience d’un tel environnement lui sert beaucoup aujourd’hui dans son travail à la police. Le bruit de la ville la rassurait davantage que le silence des grands espaces, comblant un manque certain dans sa vie. 3 Lorsqu’elle ne déambulait pas dehors, Antonia était fourrée chez son professeur de sport qui lui a appris à extérioriser sa colère au travers d’une activité physique. C’est une grande amatrice de sports de combat, elle enseigne d’ailleurs le taekwondo dans une association sportive pour les jeunes venant de familles défavorisés. 4 C’est son désir de créer une vie meilleure, pour elle et les autres, qui l’a aidée à se réveiller chaque matin, à accepter chaque coup sans craquer. Le spectacle désastreux de sa mère, dévastée par les ravages de la drogue, l’a empêché de sombrer dans le même schéma. Sans le moindre financement et des aptitudes scolaires assez basses, Toni s’est sentie désemparée, perdue à l’idée de ne pas pouvoir se rendre utile. C’est sur les conseils de son professeur qu’elle s’est retrouvée à l’école de police à l’âge de vingt-deux ans, où il lui fut permis d’être logée et de tirer un trait définitif sur ceux qui lui servaient de parents. Elle voit en la police le meilleur moyen d’empêcher tout ce qu’elle a connu et considère sa mère comme une victime collatérale d’un système pourri dicté par l’argent. 5 Depuis qu’elle est épanouie dans son travail et qu’elle a pu suivre une thérapie avec le psychologue du commissariat, Antonia s’est un tant soit peu libérée et s’est donnée la chance de vivre réellement. Elle garde néanmoins un caractère réservé et méfiant, une tendance à mordre lorsqu’on la taquine et un dégoût complet pour les alcools forts et les drogues. Elle ne boit que de la bière et n'a jamais été ivre. La crainte de finir comme sa mère est toujours ancrée dans un coin de son esprit. 6 Son manque de confiance, en elle et envers les autres, lui cause certains problèmes dans sa vie sociale, notamment sentimentale. Antonia a beaucoup de mal à se confier et à montrer ce qu’elle ressent. Pour autant, c’est une personne très loyale, à l’écoute et de bon conseil. Il suffit de gagner sa confiance et découvrir ce qui se cache derrière sa carapace. 7 N’ayant jamais réellement eu l’occasion de savoir ce qu’était un vrai repas de famille, Antonia est une piètre cuisinière. En réalité elle ne cuisine jamais. Son frigo et ses placards sont remplis de plats déjà préparés qu’elle se contente de faire chauffer, sinon elle mange à l'extérieur et se fait livrer. Il y a fort à parier qu’elle n’a jamais utilisé sa plaque de cuisson. 8 Antonia a un petit côté garçon manqué que l’on ressent dans sa façon d’être ou de s’exprimer. Cela ne veut pas dire qu'elle ne se maquille pas ou ne porte pas de vêtement féminin, néanmoins elle ne brille pas par sa grâce. Une bouche pourpre et une robe de soirée ne cachent pas son malaise et son manque d’aisance avec son corps. Son adolescence solitaire ne lui a pas offert la chance de grandir entourée de filles, d’apprendre à comprendre son corps de femme, d’échanger avec des amies ou de vivre des moments qui semblent si communs pour le commun des mortels. 9 De par son histoire familiale et son manque d'argent, puis le temps investi dans son travail aujourd'hui, la jeune femme n'a jamais pris de vraies vacances ou de week-end. Pire encore, elle n'a jamais pris le temps de dépasser les frontières de la ville qui l’a vue grandir. Les documentaires sur les diverses régions du monde la laissent rêveuse et lui semblent inaccessible. 10 Bien qu'elle soit loin d'être bête, Toni a un complexe d’infériorité concernant son intelligence et sa culture générale. Elle n'a jamais été au musée, n'a jamais lu en dehors des lectures imposées à l'école, n'est pas très calée en musique et il en est de même pour tout ce qui semble normal chez tout le monde. Elle se sent souvent dépassée lorsque les gens abordent ce genre de sujets et peut se braquer lorsque l’on cherche à connaître son avis. 11 Au diable la technologie, son téléphone est un vieux Blackberry qu'elle se trimballe depuis des années. D'abord acheté parce qu'elle ne pouvait pas se permettre beaucoup mieux, elle s'y est finalement fait et ne considère pas avoir besoin de plus. Les photos, internet et tout le reste lui passent au-dessus de la tête.